samedi 20 février 2010

Samedi 06/02/2010

Hier était mon dernier jour de pose de piège, c'est à dire mon dernier jour à manipuler du caca! En effet, le travail de Calourada (fèces humaines et bovines) est fini, et celui de Sabrina n'implique que des bouses de vaches. Or, après avoir posé 120 pièges utilisant des fèces humaines, tentant d'échapper à l'odeur mais ne pouvant échapper à la vue, peu réjouissante en cette chaleur, la bouse de vache c'est rien du tout en comparaison. Ce matin nous allons d'abord collecter des scarabées sur le Chapada das Perdizes, puis dans l'après-midi nous allons dans les fermes installer des pièges pour le projet de Sabrina et récolter ceux que nous avons installé la veille.

Nous allons récolter la bouse dans la ferme de Seu Francisco, et il y a là une vingtaine d'ados encadrés par des chercheurs de l'université de Lavras. En effet, la ferme de Seu Francisco est devenue, au fil des ans, presque une annexe de l'UFLA, la famille ayant aidé de nombreux projets de recherche. Aujourd'hui il s'agit de sensibilisation de jeunes de Carrancas aux problèmes de conservation de l'environnement, et Dona Fatima a préparé un copieux repas pour tous ces jeunes. A l'invitation des chercheurs de l'UFLA Calourada installe un piège à l'ombre d'un grand arbre et explique son fonctionnement aux adolescents assis en cercle autour de lui. Sabrina explique ensuite l'utilité des scarabées et leur importance à la fois pour les environnements naturels et pour les fermes. Elle leur explique les résultats de sa première expérience: il n'y a quasiment aucun scarabée dans les pâtures composées d'herbes introduites d'Afrique. (C'est d'ailleurs assez étrange de voir des vaches hollandaises et indiennes brouter de l'herbe africaine au Brésil, mondialisation quand tu nous tiens). Les jeunes posent ensuite quelques questions puis tout le monde se prépare à partir quand l'un d'entre eux demande si la française peut parler français. Il faut dire qu'ils voient peu d'étrangers à Carrancas, encore moins d'Européens. Je leur sort donc trois phrases bateau en français ce qui me vaut une salve d'applaudissements.

Sabrina ne s'intéresse pas seulement à la composition des communautés de scarabées mais aussi à leur activité. Nous avons donc posé un demi kilo de bouse de vache au sein d'une arène et après 24h nous allons voir quelles quantités de terre et de bouses ont été déplacées. Il est déjà tard quand nous commençons à récolter le contenu des pièges, et nous emmenons une torche avec nous car la nuit commence à tomber. Nous sommes à la première arène (sur 12) quand nous remarquons quelques nuages, à la deuxième la pluie commence à tomber, à la troisième des orages se font entendre au loin et nous nous demandons s'il est sage de continuer. Sabrina décide que oui mais à la quatrième la foudre tombe, accompagnée d'un tonnerre assourdissant. L'orage est juste au-dessus de nous et nous commençons à vraiment nous inquiéter. En effet, nous nous situons sur une colline, dans une prairie et le point le plus haut, celui qui risque d'attirer la foudre, c'est nous.

Nous abandonnons donc les arènes dont le contenu sera perdu, lavé par la pluie, et détalons vers le bas de la colline, ou quelques arbres bordent le chemin, puis en direction de la ferme de Seu Francisco. Nous courrons pliés en deux, tentant ainsi de diminuer notre taille, et cela n'est pas la meilleure position pour respirer pendant un effort, vous pourrez essayer. Ajoutez à cela le stress de la situation et je me retrouve rapidement avec de forts symptômes d'asthme. A chaque fois que la foudre tombe, Calourada et Sabrina se jettent à terre, mesure inutile car si la foudre frappe c'est qu'elle est déjà attirée par quelque chose, et si c'est vous il est dérisoire d'essayer de l'éviter. La nuit est maintenant presque totale, je ne vois donc pas un petit ruisseau sur notre chemin et marche dedans, es pieds sont trempés. Nous nous arrêtons un instant pour reprendre notre souffle, Sabrina rit aux éclats de nervosité et je suggère que nous restions ici, allongés sur le sol. Après tout, c'est ce qu'il y a de plus sûr à faire pendant un orage, il ne fait pas si froid et puis je pourrais respirer non? Mais Sabrina me pousse à continuer. Nous arrivons enfin à l'étable, bâtiment le plus proche. S'y trouvent un cheval et les tout jeunes veaux. Je m'arrête un instant pour respirer et vais caresser le cheval, pour me remettre de mes émotions. Un veau s'approche et commence à téter très vigoureusement mon autre main, fermée sur un sac de matériel. Cela me fait sourire de penser que je ne suis pas la seule à avoir besoin d'être rassurée.

Nous traversons la cour et entrons dans la maison. Il y a là toute la famille plus trois invités. Je prends une bouffé de Ventoline et m'assied à table sur l'invitation de Dona Fatima. L'homme d'une cinquantaine d'années assis à côté de moi commence à me baragouiner en portugais. Je lui explique que je suis française et ne comprends pas, ce qui le fait éclater de rire et baragouiner de plus belle. Il pue l'alcool à plein nez et a à la main une bouteille de Coca-cola en plastique remplie à moitié d'un liquide transparent que je devine être de la Cachaça (alcool for à base de canne à sucre). Les autres me disent de l'ignorer mais comme il ne me lâche pas un des fils m'échange sa place. La foudre tombe une fois de plus et l'électricité est coupée. On allume donc plusieurs petites bougies qui sont disposées sur la longue table. Dona Fatima nous apporte de T-shirts secs, mais j'ai froid à cause de mes pieds trempés. On nous sert de la polenta froide et de la couenne de porc frite, ainsi que du lait frais, de la cachaça au miel, et de la cachaça à la pêche. Cela me réchauffe un peu. Dona Fatima insiste pour que nous restions manger et nous sert donc du poisson pêché en rivière le matin même, avec du riz aux haricots bruns (base du repas brésilien) et quelques crudités. C'est délicieux. Nous partons ensuite, malgré Dona Fatima qui insiste pour nous préparer des lits.

En quittant la ferme nous apercevons un mammifère que je suppose être un fourmilier, puis nous nous perdons sur les routes de terre rouge. Sabrina retrouve le chemin et nous arrivons enfin chez nous à 22h30. Nous avions commandé un repas au restaurant tout proche, mais il est maintenant fermé. Peu de temps après que nous soyons arrivés, le propriétaire du restaurant s'arrête devant chez nous pour savoir si out va bien. Comme nous ne sommes pas venus, il était inquiet. La gentillesse des gens ici est agréablement surprenante.







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