jeudi 18 décembre 2008

De l'inutilité

Bien que je n'aime pas faire état de mes états d'âmes, je dois vous avouer que j'ai fini ce premier semestre en rampant. Certes, les voyages c'est sympathique (et bien plus encore) mais ce n'est pas reposant, et il en est de même pour les cours. Vu que j'ai enchaîné les deux depuis six mois, cela fait autant de temps que je n'ai pas pris la liberté de me reposer suffisamment pour recharger pleinement mes batteries. Ajoutez à cela un virus maligne et une grosse déception amoureuse et vous comprendrez pourquoi j'attendais les vacances, ainsi que le repos et les distractions qui les accompagnent, avec impatience.
Voilà donc bien trois semaines que j'attendais que le temps passe. Or, je déteste attendre que le temps passe. Certes, "il faut son temps aux choses" et "le temps soigne tous les maux" et autres idiomes bien connus sont véridiques et je devrais certainement prendre patience et laisser le temps s'écouler. Les petites cellules de mon système immunitaire auront fichu le virus dehors, mes sentiments seront moins chaotiques, mon cynisme aura repris le dessus et ma fatigue chronique se sera évanouie comme neige au soleil pour laisser place à ma motivation et mon optimisme des bons jours.

Mais en attendant, j'ai l'impression de perdre mon temps. Or, on a qu'une vie et j'en suis bien consciente. C'est pourquoi, à chaque fois que j'ai le blues, ou me retrouve, pour une autre raison, tout à fait improductive il y a une partie de moi qui engueule l'autre. Qu'est-ce que tu fous là à rien foutre! Le temps passe, t'as pas mieux à faire?!
Ne vous méprenez pas, je ne suis pas une maniaque du travail au contraire. Mais il me semble qu'on a peu de temps et qu'on devrait donc le passer à faire des choses soit utiles, soit agréables. Attendre que le temps passe n'est ni l'un ni l'autre, et me voilà donc à culpabiliser.
Ce n'est pas nouveau. Ce n'est pas la première fois que j'ai le blues, ou juste envie de ne rien faire (au sens le plus propre du terme), et même lorsque l'an dernier, je me suis retrouvée alitée pendant deux semaines pour cause de brûlures au thé, en plus de la douleur et du stress, je rageait de perdre ainsi mon temps à juste attendre d'aller mieux.

Ce sentiment d'inutilité est pour moi le plus déprimant. Il me semble qu'il faut être utile au monde, à ses proches et à soi-même pour vivre sa vie pleinement. Se sentir inutile et impuissant lorsqu'on lit un énième fait d'actualité révoltant, se sentir inutile après une journée passée sans en profiter ni rien accomplir, se sentir inutile lorsque je ne peux rien faire pour mes proches, se sentir inutile après une rupture... c'est le sentiment que je redoute le plus. L'ironie c'est qu'en général cela mène à un genre de cercle vicieux: je ne fais rien parce que je suis déprimée/malade/démotivée et cela me déprime et me démotive... Voilà qui n'arrange pas les choses.

Heureusement, il n'est pas trop dur de se débarrasser de ce sentiment, au moins temporairement. La solution la plus évidente et d'aller voir des amis, des proches, de passer un bon moment ensemble, partager, et voilà qu'on se sent à nouveau bien, et tout sentiment d'inutilité est oublié. Me voilà utile à moi-même et à ceux qui m'entourent. Mais mettons qu'il est tard le soir ou que mes proches ne sont pas disponibles. La solution est alors de créer. Ce n'est pas la peine de créer grand-chose, faire un gâteau au chocolat peut suffire, mais moi ce que je trouve le plus apaisant c'est encore de dessiner ou de peindre. Ce ne sera peut-être pas un chef-d'œuvre, ça ne sortira peut-être jamais de la pochette ouùje vais l'y ranger, mais cela me fera me sentir bien. L'acte en lui-même, l'odeur du crayon et de la peinture acrylique, l'apparition progressive de quelque chose et la satisfaction qui en découle, le sentiment d'accomplissement lorsque c'est fini, tout cela est à la fois apaisant, rassurant et remotivant. D'autant plus lorsque que je créé quelque chose pour quelqu'un.
Alors vous trouverez plus bas mes dernières "créations", des cartes de vœux pour mes ex-colocataires. (Pour vous donner un peu le contexte, Joana adore les fées, les animaux préférés de Martina et Laura sont respectivement les chats et les loutres, et quant à Jaz, eh bien, je n'avais pas trop d'idées mais me suis dit que le cygne est un animal universellement apprécié et facile à dessiner.)
Et sur le long terme, eh bien, j'ai choisi une carrière qui me permettra, je l'espère d'être utile. Certes, il n'y a pas de sot métier, mais plutôt que de faire tourner les rouages mis en place, je compte améliorer un peu le système. En outre, dans ma vie de tous les jours, je tente de faire en sorte d'apporter quelque chose aux gens, ne serais-ce qu'en étant polie et serviable ou en consommant de façon responsable. Ce n'est pas grand-chose, mais c'est quelque chose.