jeudi 11 mars 2010

Vendredi 26/02/2010

Me voilà SDF, et tout cela, c'est la faute à Greenpeace. La semaine précédente je dormais donc chez Vanesca et Livia et devais déménager chez Rodrigo après Carnaval. Cependant, celui-ci ne pars plus en Amazonie. En effet, il devait y aller étudier les scarabées. Cependant, il y a eu quelques désaccords entre les propriétaires des terres qu'il devait étudier et Greenpeace, et l'association, bien que sa cause soit juste, n'est pas connue pour faire dans la dentelle. Les propriétaires énervés ont donc décidé d'interdire l'accès de leur fermes à tous les étrangers. Bref, si Greenpeace était un peu plus diplomate, j'aurais un toit (et de braves étudiants pourraient contribuer à l'avancement de la science).

Sabrina et moi dormons donc dans l'appartement de Rodrigo, mais dans la chambre de son colocataire qui est en voyage. Le seul souci est que personne ne sait jusqu'à quand il voyagera et donc jusqu'à quand nous pourrions squatter. En attendant nous partageons l'appartement avec Rodrigo, son autre colocataire, Antonio et une fourmilière. Le problème quand on partage un appartement avec des garçons, c'est que, sans vouloir généraliser, ceux-ci on une plus grande tendance à négliger les tâches ménagères. Certes, la femme de ménage vient deux fois par semaine, mais malheureusement pour nous, nos colocataires n'ont pas d'objection à laisser vaisselle sale et autres épluchures au bord de l'évier jusqu'à sa prochaine visite. Cette situation ravit les fourmis qui y prennent leurs quartiers.

A cause de l'accumulation de la fatigue, et très certainement de l'alternance clim à 18 degrés / rue à 45 degrés, je suis malade. Je ne vais donc pas en cours Vendredi matin mais reste à dormir. Je me réveille avec une drôle de sensation dans le nez et vais dans la salle de bain pour découvrir qu'il est devenu gros, rouge et sensible. Il s'agit soit d'une allergie soit d'une infection. Comme je ne me sens pas très allergique, je suppose qu'il s'agit d'une infection. Je prends donc mon courage à deux mains, m'habille chaudement (bien qu'il fasse 25° dehors) et me dirige vers une pharmacie. Je l'ai déjà mentionné, mais Lavras est très vallonné, et je suis proche de l'évanouissement rien qu'en montant la pente qui mène au centre. Je rentre dans la première pharmacie que je trouve et explique que je veux quelque chose pour une infection. Le pharmacien, un vieux monsieur, petit et maigrichon, m'emmène dans un minuscule bureau, où il m'ausculte rapidement. Il m'explique qu'il ne s'agit pas d'une infection et qu'il va me donner un antiallergique et quelque chose pour ma toux. Cela me convient très bien jusqu'au moment où il sort une seringue. Pour moi, les antiallergiques sont des médicaments bien bénin, mais lui a décidé de me donner de la codéine en injection dans la fesse.

L'idée de me faire injecter un produit que je ne connais pas par un type que je ne connais pas, ne me plaît guère. J'essaie de lui faire part de mes réticences mais il insiste, et je dois dire mon argumentaire en portugais est assez limité. Je cède donc et il me pique la fesse. Il m'emmène ensuite dans une autre petite pièce ou il installe un appareil a inhalation. Finalement, il me donne un médicament a prendre trois fois par jour et je rentre me coucher. Je passe deux jours a paresser au lit, mais cela fait vite son effet.

Le problème quand on est malade loin de chez soi c'est qu'on commence a avoir le mal du pays. Surtout quand on est sans domicile fixe. Je rêve de tasses de Yorshire tea bien chaud avec un nuage de lait, de baguette fraîche avec du fromage bien odorant. Je rêve d'avoir mon coin à moi, propre et sans fourmis. Il me manque aussi de pouvoir prendre part a des conversations activement, la qualité de mon portugais et de l'anglais de la plupart des gens ici m'en empêchant. Mais le week-end passe oisivement. Lavras a vraiment l'âme d'une petite ville, le seul évènement notable c'est le marche du dimanche matin ou l'on vend napperons, bijoux, bougies, jouets et autres produits artisanaux. C'est aussi l'occasion de goûter des spécialités locales: crêpe de tapioca caoutchouteux et jus de canne a sucre et citron vert.

Lundi arrive et me sentant mieux, je retourne au labo. Après avoir séché mes scarabées, il me faut maintenant les identifier et monter quelques spécimens sur des épingles, pour les garder en collection de référence. Je dois donc transpercer les plus gros, coller les plus petits sur des triangles en papier piques sur une aiguille. Je dois faire ceci pour 6 individus de chaque espèce différente, ou vu que je ne connais pas les espèces, de ce qui me semble être une espèce différente. Je me mets donc au travail diligemment. Au bout de deux jours et demi, Sabrina vient me voir et m'apprends que je m'y prends mal, Julio n'ayant pas pris le temps de m'expliquer la procédure en détail. En gros, je dois faire tremper tous les petits scarabées dans de l'acétate pour les décoller puis les recoller de façon différente. Cela m'irrite beaucoup, le décollage n'étant pas aise et beaucoup perdant un membre ou leur tête au cours de l'opération. Après quatre jour de dur labeur j'ai fini de les épingler. Julio vient voir mon travail et m'explique qu'en fait c'était pas la peine de les décoller j'aurais pu les laisser tels quels. Ha-ha.

Mais je dois cependant avouer: qu'ils sont beaux mes scarabées alignés et exposés ainsi!

lundi 1 mars 2010

Mercredi 17/02/2010

J'ai passé ma semaine à trier des insectes morts. Toutes sortes de choses tombent dans nos pièges: de nombreuses fourmis, recroquevillés et agrippées les unes aux autres, des mouches, moucherons et autres, des insectes étranges qui ne ressemblent à rien que je connaisse, quelques papillons, abeilles et guêpes et même deux petites grenouilles. Parfois, on y trouve également des milliers de termites formant une soupe épaisse, les scarabées pouvant être aussi petits que 2mm il devient alors très difficile de les retrouver. Tout cela baigne dans de l'alcool, dont les vapeurs me donnent légèrement mal au crâne en fin de journée. C'est un travail un peu répétitif, et il y a peu de monde au laboratoire, Carnaval approchant. Néanmoins un autre étudiant me file un coup de main et le travail avance vite, ce qui veut dire que je peux prendre des vacances pour Carnaval. En attendant je vis toujours chez Vanesca, mais elle n'est pas souvent là, passant son temps chez son copain Rodrigo avant qu'il ne parte en Amazonie. Livia est elle dans le Sud, et je me retrouve donc seule ce qui est assez étrange mais pas forcément désagréable.

Jeudi soir arrive et je pars pour Rio. Il n'y a qu'un bus par jour, ou plutôt par nuit. Les bus brésiliens sont très confortables, avec un dossier fortement inclinable et beaucoup de place pour les jambes, mais la route est elle très mauvaise. Je dors donc plus ou moins et arrive à 5h du matin à Rio. Je prends un taxi pour aller chez Maìra qui m'ouvre en chemise de nuit. Je vais me coucher dans sa chambre tandis qu'elle dort chez ses parents. Le lendemain matin, j'ai l'appartement à moi puisque Maìra travaille (nous sommes un vendredi) et paresse donc sur la terrasse et sur Internet. Ensuite la fête commence. Le Carnaval de Rio ce n'est pas seulement le défilé des écoles de Samba, pour lequel il faut acheter ses tickets bien à l'avance, mais aussi le Carnaval de rue. Il y a de nombreux "blocos" ou orchestres de rue qui jouent de la samba tout au long de la journée, certains dès 5h. Certains sont un petit groupe perchés sur un camion, avec amplificateurs de son et tout le tralala, d'autres sont des orchestres complets avec cuivres et percussions. Les musiciens avancent et l'immense foule suit en dansant. La plupart des gens sont déguisés avec des couleurs vives et des costumes parfois ridicules mais souvent légers, les filles en jupette et les hommes torse nus. Peintures, paillettes, lunettes, colliers de fleurs, perruques, fausses "antennes" plus ça flashe mieux c'est. Certains cherchent le ridicule, comme les nombreux hommes habillés en femme, ceux portant des chapeaux en forme de choppe de bière ou des faux nez en forme de pénis. Le tout donne une ambiance assez joyeuse et conviviale. Il fait extrêmement chaud, jusqu'à 44°C et certains riverains arrosent la foule avec leur tuyau d'arrosage. L'ambiance du carnaval est partout en ville: il y a un monde fou, la plupart déguisés, au détour des rues on croise nombre de blocos et il y a un peu partout des panneaux, banderoles etc incitant les gens à ne pas faire pipi dans la rue. Chaque arbre est d'ailleurs décoré d'une bande plastique qui dit "Pipi? pas ici".

Carnaval, c'est aussi beaucoup d'alcool, principalement de la bière vendue à tous les coins de rue dans des glacières en polystyrène montées sur des chariots de supermarchés. Malheureusement, il n'est pas donné à tous de rester digne avec l'alcool. Tels ces deux inconnus l'un qui sans se présenter ni me saluer m'a tenu un discours de 15 min sur la politique énergétique du Brésil, l'autre qui ne semblait pas comprendre que non je ne veux pas qu'un type bourré que je ne connais pas me morde la joue, et ne cessait d'insister. Mais la plupart restent bon enfants, ben que très dragueurs "What happens in Rio stays in Rio" c'est cela oui...

Nous sommes donc allés à trois de ces fêtes par jour, dans différents quartiers de la ville. Au bout de cinq jours, cela devient assez fatiguant, et je dors comme un bébé dans le bus du retour, mais que de bons moments.

P.S: J'aurais bien posté des photos des orchestres, de la fête sous les palmiers et la statue du Christ rédempteur, du coucher de soleil sur la plage d'Ipanema... mais dans ce genre de foule il est peu pratique et peu prudent de se trimballer un appareil photo. Je laisserai donc cela à votre imagination.

mercredi 24 février 2010

Dimanche 07/02/2010

Ce matin, j'ai récolté mes 119e et 120e pièges. J'ai fini! J'ai enfin toutes les données pour mon master. Il ne me reste "plus" qu'à trier, identifier et analyser tout cela. Je dois rentrer sous peu, Julio ayant décidé qu'il valait mieux commencer tout cela au plus vite, pour que je finisse l'identification avant mon départ du Brésil. Il nous a dit qu'il passerai aujourd'hui ou demain, mais n'ayant pas eu de nouvelles, nous en déduisons qu'il viendra demain. Je jette un dernier regard sur les paysages magnifiques du Chapada das Perdizes puis nous descendons vers le village, puis les fermes. Nous devons recommencer tout le travail perdu à cause de l'orage, Sabrina s'inquiète de ne pas voir son travail avancer. Heureusement aujourd'hui le soleil est au beau fixe et nous travaillons de manière plus relaxée. Vers 19h nous finissons et rentrons à Carrancas. J'annonce à Calourada et Sabrina que je leur offre des bières fraîches pour fêter la fin de mon travail de terrain, mais peu après nous passons devant notre maison et apercevons la voiture de Julio. Nous nous arrêtons donc et après les salutations d'usage, Julio me demande "Alors, t'es prête?". Ben non. Je prends donc une douche et fais mes valises en vitesse. La femme et une fille de Julio sont également là ainsi qu'un étudiant qui vient me remplacer. Nous le laissons et rentrons sur Lavras, où nous allons manger au centre commercial. Les restaurants sont situés tout autour d'un grand hall et les tables sont situées au milieu afin que chacun puisse commander ce qu'il veule. Je trouve que cela manque beaucoup de charme et est peu chaleureux.

Je devais louer à mon retour la chambre de Rodrigo, qui part en Amazonie. Cependant, celui-ci ne part qu'après Carnaval, je dois donc dormir chez Livia et Vanesca plus longtemps. Celles-ci ne sont pas là ce week-end, je récupérerai donc la clé chez la femme de ménage demain et en attendant dors chez Julio ce soir. Sa maison contraste vivement avec les maisons des étudiants. Celles-ci sont généralement peu meublées avec du mobilier très bon marché, et très peu de décoration. Ici, le mobilier est fourni, assez luxueux, à la pointe de la technologie et du confort et de nombreux tableaux de mauvais goûts sont accrochés au mur (dont un magnifique cheval se cabrant, sous la pluie, dans un lac, avec de dramatiques montagnes en arrière-plan).




samedi 20 février 2010

Samedi 06/02/2010

Hier était mon dernier jour de pose de piège, c'est à dire mon dernier jour à manipuler du caca! En effet, le travail de Calourada (fèces humaines et bovines) est fini, et celui de Sabrina n'implique que des bouses de vaches. Or, après avoir posé 120 pièges utilisant des fèces humaines, tentant d'échapper à l'odeur mais ne pouvant échapper à la vue, peu réjouissante en cette chaleur, la bouse de vache c'est rien du tout en comparaison. Ce matin nous allons d'abord collecter des scarabées sur le Chapada das Perdizes, puis dans l'après-midi nous allons dans les fermes installer des pièges pour le projet de Sabrina et récolter ceux que nous avons installé la veille.

Nous allons récolter la bouse dans la ferme de Seu Francisco, et il y a là une vingtaine d'ados encadrés par des chercheurs de l'université de Lavras. En effet, la ferme de Seu Francisco est devenue, au fil des ans, presque une annexe de l'UFLA, la famille ayant aidé de nombreux projets de recherche. Aujourd'hui il s'agit de sensibilisation de jeunes de Carrancas aux problèmes de conservation de l'environnement, et Dona Fatima a préparé un copieux repas pour tous ces jeunes. A l'invitation des chercheurs de l'UFLA Calourada installe un piège à l'ombre d'un grand arbre et explique son fonctionnement aux adolescents assis en cercle autour de lui. Sabrina explique ensuite l'utilité des scarabées et leur importance à la fois pour les environnements naturels et pour les fermes. Elle leur explique les résultats de sa première expérience: il n'y a quasiment aucun scarabée dans les pâtures composées d'herbes introduites d'Afrique. (C'est d'ailleurs assez étrange de voir des vaches hollandaises et indiennes brouter de l'herbe africaine au Brésil, mondialisation quand tu nous tiens). Les jeunes posent ensuite quelques questions puis tout le monde se prépare à partir quand l'un d'entre eux demande si la française peut parler français. Il faut dire qu'ils voient peu d'étrangers à Carrancas, encore moins d'Européens. Je leur sort donc trois phrases bateau en français ce qui me vaut une salve d'applaudissements.

Sabrina ne s'intéresse pas seulement à la composition des communautés de scarabées mais aussi à leur activité. Nous avons donc posé un demi kilo de bouse de vache au sein d'une arène et après 24h nous allons voir quelles quantités de terre et de bouses ont été déplacées. Il est déjà tard quand nous commençons à récolter le contenu des pièges, et nous emmenons une torche avec nous car la nuit commence à tomber. Nous sommes à la première arène (sur 12) quand nous remarquons quelques nuages, à la deuxième la pluie commence à tomber, à la troisième des orages se font entendre au loin et nous nous demandons s'il est sage de continuer. Sabrina décide que oui mais à la quatrième la foudre tombe, accompagnée d'un tonnerre assourdissant. L'orage est juste au-dessus de nous et nous commençons à vraiment nous inquiéter. En effet, nous nous situons sur une colline, dans une prairie et le point le plus haut, celui qui risque d'attirer la foudre, c'est nous.

Nous abandonnons donc les arènes dont le contenu sera perdu, lavé par la pluie, et détalons vers le bas de la colline, ou quelques arbres bordent le chemin, puis en direction de la ferme de Seu Francisco. Nous courrons pliés en deux, tentant ainsi de diminuer notre taille, et cela n'est pas la meilleure position pour respirer pendant un effort, vous pourrez essayer. Ajoutez à cela le stress de la situation et je me retrouve rapidement avec de forts symptômes d'asthme. A chaque fois que la foudre tombe, Calourada et Sabrina se jettent à terre, mesure inutile car si la foudre frappe c'est qu'elle est déjà attirée par quelque chose, et si c'est vous il est dérisoire d'essayer de l'éviter. La nuit est maintenant presque totale, je ne vois donc pas un petit ruisseau sur notre chemin et marche dedans, es pieds sont trempés. Nous nous arrêtons un instant pour reprendre notre souffle, Sabrina rit aux éclats de nervosité et je suggère que nous restions ici, allongés sur le sol. Après tout, c'est ce qu'il y a de plus sûr à faire pendant un orage, il ne fait pas si froid et puis je pourrais respirer non? Mais Sabrina me pousse à continuer. Nous arrivons enfin à l'étable, bâtiment le plus proche. S'y trouvent un cheval et les tout jeunes veaux. Je m'arrête un instant pour respirer et vais caresser le cheval, pour me remettre de mes émotions. Un veau s'approche et commence à téter très vigoureusement mon autre main, fermée sur un sac de matériel. Cela me fait sourire de penser que je ne suis pas la seule à avoir besoin d'être rassurée.

Nous traversons la cour et entrons dans la maison. Il y a là toute la famille plus trois invités. Je prends une bouffé de Ventoline et m'assied à table sur l'invitation de Dona Fatima. L'homme d'une cinquantaine d'années assis à côté de moi commence à me baragouiner en portugais. Je lui explique que je suis française et ne comprends pas, ce qui le fait éclater de rire et baragouiner de plus belle. Il pue l'alcool à plein nez et a à la main une bouteille de Coca-cola en plastique remplie à moitié d'un liquide transparent que je devine être de la Cachaça (alcool for à base de canne à sucre). Les autres me disent de l'ignorer mais comme il ne me lâche pas un des fils m'échange sa place. La foudre tombe une fois de plus et l'électricité est coupée. On allume donc plusieurs petites bougies qui sont disposées sur la longue table. Dona Fatima nous apporte de T-shirts secs, mais j'ai froid à cause de mes pieds trempés. On nous sert de la polenta froide et de la couenne de porc frite, ainsi que du lait frais, de la cachaça au miel, et de la cachaça à la pêche. Cela me réchauffe un peu. Dona Fatima insiste pour que nous restions manger et nous sert donc du poisson pêché en rivière le matin même, avec du riz aux haricots bruns (base du repas brésilien) et quelques crudités. C'est délicieux. Nous partons ensuite, malgré Dona Fatima qui insiste pour nous préparer des lits.

En quittant la ferme nous apercevons un mammifère que je suppose être un fourmilier, puis nous nous perdons sur les routes de terre rouge. Sabrina retrouve le chemin et nous arrivons enfin chez nous à 22h30. Nous avions commandé un repas au restaurant tout proche, mais il est maintenant fermé. Peu de temps après que nous soyons arrivés, le propriétaire du restaurant s'arrête devant chez nous pour savoir si out va bien. Comme nous ne sommes pas venus, il était inquiet. La gentillesse des gens ici est agréablement surprenante.







Jeudi 04/02/2010

Ce matin nous allons à la ferme de Seu (monsieur) Francisco. La famille qui tient cette ferme est très sympathique et accueillante, bien que très humble. Ils vivent dans une petite maison qui a une centaine d'année avec un grand four à bois traditionnel au-dessus duquel de la viande est accrochée pour être fumée. La cuisine est modeste, avec une grande table et des poussins qui s'y promènent. Vivent là Seu Francisco et son énergique femme Dona Fatima ainsi que leurs grands enfants une fille, deux garçons, et la femme du plus âgé. Chiens, chats, poules, poussins etc traînent dans la cour en essayant de se protéger du soleil. Les chiens et chiots sont assez comiques toujours à chercher la bagarre entre eux ou avec les poules qui partent en s'égosillant, ou les vaches qui font mine de leur donner des coups de corne. Lorsque nous sommes passées le soir, les vaches attendaient patiemment devant l'étable qu'on appelle leur nom pour se faire traire. Il y a quelques jours, nous avons administré le vermifuge dont Sabrina étudie les effets. On nous a servi du lait très sucré avec du café très léger, et un fromage maison, avant d'aller administrer l'ivermectine aux vaches, qui cette fois-ci se sont défendues bec et ongles, c'était assez impressionnant. Aujourd'hui nous allons récolter des bouses de vaches pour les pièges de Sabrina. Il y a plusieurs jeunes veaux dans la cour et dans l'étable quatre tout petits, certains nés la veille et ayant encore le cordon ombilical. Ils sont adorables et quand on leur tend la main essayent de nous téter les doigts. Flavio, un des fils, nous explique que trois d'entre eux sont des mâles et donc inutiles pour une ferme laitière. Ils seront vendus pour leur viande, à 10 reals (4 euros) pièce. Je mange certes peu de viande, mais me dire qu'on va les tuer pour si peu me donne envie de ne plus jamais en avaler. Je me dis cependant que les vaches et veaux vivant dans cette ferme connaissent de bien meilleures conditions que celles que l'on consomme en Europe.

Nous n'installerons finalement pas les pièges, une pluie tropicale menaçant d'emporter toute la bouse. Pluie tropicale il y aura effectivement, et pas des moindres. Des trombes d'eau tombent du ciel, si bien qu'on n'y voit plus rien en voiture et que le col que nous passons pour monter sur le plateau de Carrancas, est maintenant agrémenté de nombreuses cascades, inédites jusqu'ici.








vendredi 19 février 2010

Mardi 03/02/2010

Aujourd'hui nous allons échantillonner la plantation d'eucalyptus qui se trouve sur le plateau proprement dit. Nous avons déjà posé des pièges ici il y a quelques jours, et avions auparavant demandé l'autorisation au propriétaire. Ou à l'homme que nous pensions être le propriétaire. Hier nous avons rencontré un employé d'Atina (plantations de Candeia) à cheval, qui nous a informé que l'homme que nous avons appelé ne possède que les plantation en bas du plateau, nous avons donc échantillonné sans autorisation. Cela gène beaucoup Sabrina, qui espère qu'on y croisera personne.
Bien entendu, nous croisons quelqu'un. Renato est un homme d'une cinquantaine d'années peut-être, c'est difficile à dire tant le travail au grand air a marqué son visage. Il a le visage brun et porte un chapeau de toile et une épaisse moustache grisonnante, et conduit une toute petite voiture, une VW Brasilia. Non seulement il n'y a pas de problème à échantillonner ici, mais en plus il nous invite monter en voiture pour nous faire voir le coin. Renato a grandi ici, les terres appartenant auparavant à son grand-père. Il fait brûler un coin de savane pour y planter des arbres par après, puis nous montons en voiture. C'est un très vieux modèle, de la même époque que les coccinelles je suppose, et l'on sent les touffes d'herbes sous nos pieds à travers le "plancher". Un autocollant de la vierge et un autre de Jésus veillent sur nous, bienveillants.
Renato nous emmène d'abord au point le plus haut du plateau. La vue est incroyable, on voit à des kilomètres, il nomme les montagnes, les villages qu'on voit et la direction de ceux qu'on ne voit pas. La prochaine étape est une grotte. Il nous faut passer par un peu de forêt épaisse pour en apercevoir l'entrée. Ce sont quelques rochers très hauts qui forment une voûte recouverte de mousse verte. Nous la traversons et arrivons sur un rocher faisant face au vide. Nous nous y asseyons et encore une fois Renato nous explique le paysage. Il parle avec une voix bourrue qui me fait penser qu'il aurait pu jouer dans des films tels No Country for Old Men ou 3:10 pour Yuma . J'adore cet endroit et me tiens au bord du vide, ce qui fait dire à Renato que je suis courageuse.
Il nous re-dépose à la plantation et nous continuons notre routine, qui n'est dérangée que par les frayeurs occasionnées par un serpent que je dérange accidentellement et une perdrix qui s'envole bruyamment. Ce sont d'ailleurs les perdrix qui ont donné leur nom au plateau, Chapada das Perdizes.







jeudi 18 février 2010

Lundi 02/02/2010

Le métier commence à rentrer: j'ai des ampoules sur les orteils et des coups de soleils sur les oreilles. Il faut dire que le soleil tape dur. En bas, dans les fermes l'air est moite et lourd, sur le plateau une légère brise nous rafraichi mais de petites mouches nous harcèlent en fin de journée. Nous en avalons et respirons par mégarde quelque-unes. Le travail est donc dur mais je ne dirais pas pénible. Nous sommes à vrai dire assez chanceux. Calourada a encore sur ses jambes des cicatrices laissées par les moustiques d'Amazonie. La-bas ils ne vous laissent pas une minute de répit. Ajoutez à cela l'absence de toilettes et de douches, et du manioc et du poisson comme unique source de nourriture, et vous avez un tableau réjouissant.

Le projet de Calourada nous emmène en forêt. Il ne s'agit pas de forêts vierges mais de petites parcelles de forêt suivant le cours des rivières. Elles sont splendides, avec des arbres hauts au feuillage varié, des lianes, de la mousse et des broméliacées les envahissant, et la rivière que nous devons traverser. Le travail y est cependant plus dur à cause de la difficulté à se déplacer. La dernière que nous visitons est envahie de toiles d'araignées. Il ne s'agit pas ici de petites toiles que l'on détruit d'un geste de la main, mais de toiles d'un mètre carré ou plus, souvent plusieurs côte à côte, faites d'un fil très élastique et résistant dont il est difficile de se débarrasser et sur lesquelles trônent fièrement plusieurs araignées. On peut en trouver une dizaine par toile, mais généralement ce ne sont que 4 ou 5 araignées d'une dizaine de centimètres, inoffensives pour nous qui attendent le passage d'un malheureux insecte. Il y en a un nombre surprenant et nous devons avancer en tentant d'apercevoir les toiles malgré l'obscurité de la forêt, pour ne pas leur rentrer dedans. Ça me fait penser à la forêt où Blanche-neige court et se prend branches et toiles d'araignées dans la figure.
En rentrant nous apercevons un oiseau beige qui court tel une autruche. Il ne fait qu'un mètre de haut et a une petite huppe noire sur le front. Assez comique.