mercredi 24 février 2010

Dimanche 07/02/2010

Ce matin, j'ai récolté mes 119e et 120e pièges. J'ai fini! J'ai enfin toutes les données pour mon master. Il ne me reste "plus" qu'à trier, identifier et analyser tout cela. Je dois rentrer sous peu, Julio ayant décidé qu'il valait mieux commencer tout cela au plus vite, pour que je finisse l'identification avant mon départ du Brésil. Il nous a dit qu'il passerai aujourd'hui ou demain, mais n'ayant pas eu de nouvelles, nous en déduisons qu'il viendra demain. Je jette un dernier regard sur les paysages magnifiques du Chapada das Perdizes puis nous descendons vers le village, puis les fermes. Nous devons recommencer tout le travail perdu à cause de l'orage, Sabrina s'inquiète de ne pas voir son travail avancer. Heureusement aujourd'hui le soleil est au beau fixe et nous travaillons de manière plus relaxée. Vers 19h nous finissons et rentrons à Carrancas. J'annonce à Calourada et Sabrina que je leur offre des bières fraîches pour fêter la fin de mon travail de terrain, mais peu après nous passons devant notre maison et apercevons la voiture de Julio. Nous nous arrêtons donc et après les salutations d'usage, Julio me demande "Alors, t'es prête?". Ben non. Je prends donc une douche et fais mes valises en vitesse. La femme et une fille de Julio sont également là ainsi qu'un étudiant qui vient me remplacer. Nous le laissons et rentrons sur Lavras, où nous allons manger au centre commercial. Les restaurants sont situés tout autour d'un grand hall et les tables sont situées au milieu afin que chacun puisse commander ce qu'il veule. Je trouve que cela manque beaucoup de charme et est peu chaleureux.

Je devais louer à mon retour la chambre de Rodrigo, qui part en Amazonie. Cependant, celui-ci ne part qu'après Carnaval, je dois donc dormir chez Livia et Vanesca plus longtemps. Celles-ci ne sont pas là ce week-end, je récupérerai donc la clé chez la femme de ménage demain et en attendant dors chez Julio ce soir. Sa maison contraste vivement avec les maisons des étudiants. Celles-ci sont généralement peu meublées avec du mobilier très bon marché, et très peu de décoration. Ici, le mobilier est fourni, assez luxueux, à la pointe de la technologie et du confort et de nombreux tableaux de mauvais goûts sont accrochés au mur (dont un magnifique cheval se cabrant, sous la pluie, dans un lac, avec de dramatiques montagnes en arrière-plan).




samedi 20 février 2010

Samedi 06/02/2010

Hier était mon dernier jour de pose de piège, c'est à dire mon dernier jour à manipuler du caca! En effet, le travail de Calourada (fèces humaines et bovines) est fini, et celui de Sabrina n'implique que des bouses de vaches. Or, après avoir posé 120 pièges utilisant des fèces humaines, tentant d'échapper à l'odeur mais ne pouvant échapper à la vue, peu réjouissante en cette chaleur, la bouse de vache c'est rien du tout en comparaison. Ce matin nous allons d'abord collecter des scarabées sur le Chapada das Perdizes, puis dans l'après-midi nous allons dans les fermes installer des pièges pour le projet de Sabrina et récolter ceux que nous avons installé la veille.

Nous allons récolter la bouse dans la ferme de Seu Francisco, et il y a là une vingtaine d'ados encadrés par des chercheurs de l'université de Lavras. En effet, la ferme de Seu Francisco est devenue, au fil des ans, presque une annexe de l'UFLA, la famille ayant aidé de nombreux projets de recherche. Aujourd'hui il s'agit de sensibilisation de jeunes de Carrancas aux problèmes de conservation de l'environnement, et Dona Fatima a préparé un copieux repas pour tous ces jeunes. A l'invitation des chercheurs de l'UFLA Calourada installe un piège à l'ombre d'un grand arbre et explique son fonctionnement aux adolescents assis en cercle autour de lui. Sabrina explique ensuite l'utilité des scarabées et leur importance à la fois pour les environnements naturels et pour les fermes. Elle leur explique les résultats de sa première expérience: il n'y a quasiment aucun scarabée dans les pâtures composées d'herbes introduites d'Afrique. (C'est d'ailleurs assez étrange de voir des vaches hollandaises et indiennes brouter de l'herbe africaine au Brésil, mondialisation quand tu nous tiens). Les jeunes posent ensuite quelques questions puis tout le monde se prépare à partir quand l'un d'entre eux demande si la française peut parler français. Il faut dire qu'ils voient peu d'étrangers à Carrancas, encore moins d'Européens. Je leur sort donc trois phrases bateau en français ce qui me vaut une salve d'applaudissements.

Sabrina ne s'intéresse pas seulement à la composition des communautés de scarabées mais aussi à leur activité. Nous avons donc posé un demi kilo de bouse de vache au sein d'une arène et après 24h nous allons voir quelles quantités de terre et de bouses ont été déplacées. Il est déjà tard quand nous commençons à récolter le contenu des pièges, et nous emmenons une torche avec nous car la nuit commence à tomber. Nous sommes à la première arène (sur 12) quand nous remarquons quelques nuages, à la deuxième la pluie commence à tomber, à la troisième des orages se font entendre au loin et nous nous demandons s'il est sage de continuer. Sabrina décide que oui mais à la quatrième la foudre tombe, accompagnée d'un tonnerre assourdissant. L'orage est juste au-dessus de nous et nous commençons à vraiment nous inquiéter. En effet, nous nous situons sur une colline, dans une prairie et le point le plus haut, celui qui risque d'attirer la foudre, c'est nous.

Nous abandonnons donc les arènes dont le contenu sera perdu, lavé par la pluie, et détalons vers le bas de la colline, ou quelques arbres bordent le chemin, puis en direction de la ferme de Seu Francisco. Nous courrons pliés en deux, tentant ainsi de diminuer notre taille, et cela n'est pas la meilleure position pour respirer pendant un effort, vous pourrez essayer. Ajoutez à cela le stress de la situation et je me retrouve rapidement avec de forts symptômes d'asthme. A chaque fois que la foudre tombe, Calourada et Sabrina se jettent à terre, mesure inutile car si la foudre frappe c'est qu'elle est déjà attirée par quelque chose, et si c'est vous il est dérisoire d'essayer de l'éviter. La nuit est maintenant presque totale, je ne vois donc pas un petit ruisseau sur notre chemin et marche dedans, es pieds sont trempés. Nous nous arrêtons un instant pour reprendre notre souffle, Sabrina rit aux éclats de nervosité et je suggère que nous restions ici, allongés sur le sol. Après tout, c'est ce qu'il y a de plus sûr à faire pendant un orage, il ne fait pas si froid et puis je pourrais respirer non? Mais Sabrina me pousse à continuer. Nous arrivons enfin à l'étable, bâtiment le plus proche. S'y trouvent un cheval et les tout jeunes veaux. Je m'arrête un instant pour respirer et vais caresser le cheval, pour me remettre de mes émotions. Un veau s'approche et commence à téter très vigoureusement mon autre main, fermée sur un sac de matériel. Cela me fait sourire de penser que je ne suis pas la seule à avoir besoin d'être rassurée.

Nous traversons la cour et entrons dans la maison. Il y a là toute la famille plus trois invités. Je prends une bouffé de Ventoline et m'assied à table sur l'invitation de Dona Fatima. L'homme d'une cinquantaine d'années assis à côté de moi commence à me baragouiner en portugais. Je lui explique que je suis française et ne comprends pas, ce qui le fait éclater de rire et baragouiner de plus belle. Il pue l'alcool à plein nez et a à la main une bouteille de Coca-cola en plastique remplie à moitié d'un liquide transparent que je devine être de la Cachaça (alcool for à base de canne à sucre). Les autres me disent de l'ignorer mais comme il ne me lâche pas un des fils m'échange sa place. La foudre tombe une fois de plus et l'électricité est coupée. On allume donc plusieurs petites bougies qui sont disposées sur la longue table. Dona Fatima nous apporte de T-shirts secs, mais j'ai froid à cause de mes pieds trempés. On nous sert de la polenta froide et de la couenne de porc frite, ainsi que du lait frais, de la cachaça au miel, et de la cachaça à la pêche. Cela me réchauffe un peu. Dona Fatima insiste pour que nous restions manger et nous sert donc du poisson pêché en rivière le matin même, avec du riz aux haricots bruns (base du repas brésilien) et quelques crudités. C'est délicieux. Nous partons ensuite, malgré Dona Fatima qui insiste pour nous préparer des lits.

En quittant la ferme nous apercevons un mammifère que je suppose être un fourmilier, puis nous nous perdons sur les routes de terre rouge. Sabrina retrouve le chemin et nous arrivons enfin chez nous à 22h30. Nous avions commandé un repas au restaurant tout proche, mais il est maintenant fermé. Peu de temps après que nous soyons arrivés, le propriétaire du restaurant s'arrête devant chez nous pour savoir si out va bien. Comme nous ne sommes pas venus, il était inquiet. La gentillesse des gens ici est agréablement surprenante.







Jeudi 04/02/2010

Ce matin nous allons à la ferme de Seu (monsieur) Francisco. La famille qui tient cette ferme est très sympathique et accueillante, bien que très humble. Ils vivent dans une petite maison qui a une centaine d'année avec un grand four à bois traditionnel au-dessus duquel de la viande est accrochée pour être fumée. La cuisine est modeste, avec une grande table et des poussins qui s'y promènent. Vivent là Seu Francisco et son énergique femme Dona Fatima ainsi que leurs grands enfants une fille, deux garçons, et la femme du plus âgé. Chiens, chats, poules, poussins etc traînent dans la cour en essayant de se protéger du soleil. Les chiens et chiots sont assez comiques toujours à chercher la bagarre entre eux ou avec les poules qui partent en s'égosillant, ou les vaches qui font mine de leur donner des coups de corne. Lorsque nous sommes passées le soir, les vaches attendaient patiemment devant l'étable qu'on appelle leur nom pour se faire traire. Il y a quelques jours, nous avons administré le vermifuge dont Sabrina étudie les effets. On nous a servi du lait très sucré avec du café très léger, et un fromage maison, avant d'aller administrer l'ivermectine aux vaches, qui cette fois-ci se sont défendues bec et ongles, c'était assez impressionnant. Aujourd'hui nous allons récolter des bouses de vaches pour les pièges de Sabrina. Il y a plusieurs jeunes veaux dans la cour et dans l'étable quatre tout petits, certains nés la veille et ayant encore le cordon ombilical. Ils sont adorables et quand on leur tend la main essayent de nous téter les doigts. Flavio, un des fils, nous explique que trois d'entre eux sont des mâles et donc inutiles pour une ferme laitière. Ils seront vendus pour leur viande, à 10 reals (4 euros) pièce. Je mange certes peu de viande, mais me dire qu'on va les tuer pour si peu me donne envie de ne plus jamais en avaler. Je me dis cependant que les vaches et veaux vivant dans cette ferme connaissent de bien meilleures conditions que celles que l'on consomme en Europe.

Nous n'installerons finalement pas les pièges, une pluie tropicale menaçant d'emporter toute la bouse. Pluie tropicale il y aura effectivement, et pas des moindres. Des trombes d'eau tombent du ciel, si bien qu'on n'y voit plus rien en voiture et que le col que nous passons pour monter sur le plateau de Carrancas, est maintenant agrémenté de nombreuses cascades, inédites jusqu'ici.








vendredi 19 février 2010

Mardi 03/02/2010

Aujourd'hui nous allons échantillonner la plantation d'eucalyptus qui se trouve sur le plateau proprement dit. Nous avons déjà posé des pièges ici il y a quelques jours, et avions auparavant demandé l'autorisation au propriétaire. Ou à l'homme que nous pensions être le propriétaire. Hier nous avons rencontré un employé d'Atina (plantations de Candeia) à cheval, qui nous a informé que l'homme que nous avons appelé ne possède que les plantation en bas du plateau, nous avons donc échantillonné sans autorisation. Cela gène beaucoup Sabrina, qui espère qu'on y croisera personne.
Bien entendu, nous croisons quelqu'un. Renato est un homme d'une cinquantaine d'années peut-être, c'est difficile à dire tant le travail au grand air a marqué son visage. Il a le visage brun et porte un chapeau de toile et une épaisse moustache grisonnante, et conduit une toute petite voiture, une VW Brasilia. Non seulement il n'y a pas de problème à échantillonner ici, mais en plus il nous invite monter en voiture pour nous faire voir le coin. Renato a grandi ici, les terres appartenant auparavant à son grand-père. Il fait brûler un coin de savane pour y planter des arbres par après, puis nous montons en voiture. C'est un très vieux modèle, de la même époque que les coccinelles je suppose, et l'on sent les touffes d'herbes sous nos pieds à travers le "plancher". Un autocollant de la vierge et un autre de Jésus veillent sur nous, bienveillants.
Renato nous emmène d'abord au point le plus haut du plateau. La vue est incroyable, on voit à des kilomètres, il nomme les montagnes, les villages qu'on voit et la direction de ceux qu'on ne voit pas. La prochaine étape est une grotte. Il nous faut passer par un peu de forêt épaisse pour en apercevoir l'entrée. Ce sont quelques rochers très hauts qui forment une voûte recouverte de mousse verte. Nous la traversons et arrivons sur un rocher faisant face au vide. Nous nous y asseyons et encore une fois Renato nous explique le paysage. Il parle avec une voix bourrue qui me fait penser qu'il aurait pu jouer dans des films tels No Country for Old Men ou 3:10 pour Yuma . J'adore cet endroit et me tiens au bord du vide, ce qui fait dire à Renato que je suis courageuse.
Il nous re-dépose à la plantation et nous continuons notre routine, qui n'est dérangée que par les frayeurs occasionnées par un serpent que je dérange accidentellement et une perdrix qui s'envole bruyamment. Ce sont d'ailleurs les perdrix qui ont donné leur nom au plateau, Chapada das Perdizes.







jeudi 18 février 2010

Lundi 02/02/2010

Le métier commence à rentrer: j'ai des ampoules sur les orteils et des coups de soleils sur les oreilles. Il faut dire que le soleil tape dur. En bas, dans les fermes l'air est moite et lourd, sur le plateau une légère brise nous rafraichi mais de petites mouches nous harcèlent en fin de journée. Nous en avalons et respirons par mégarde quelque-unes. Le travail est donc dur mais je ne dirais pas pénible. Nous sommes à vrai dire assez chanceux. Calourada a encore sur ses jambes des cicatrices laissées par les moustiques d'Amazonie. La-bas ils ne vous laissent pas une minute de répit. Ajoutez à cela l'absence de toilettes et de douches, et du manioc et du poisson comme unique source de nourriture, et vous avez un tableau réjouissant.

Le projet de Calourada nous emmène en forêt. Il ne s'agit pas de forêts vierges mais de petites parcelles de forêt suivant le cours des rivières. Elles sont splendides, avec des arbres hauts au feuillage varié, des lianes, de la mousse et des broméliacées les envahissant, et la rivière que nous devons traverser. Le travail y est cependant plus dur à cause de la difficulté à se déplacer. La dernière que nous visitons est envahie de toiles d'araignées. Il ne s'agit pas ici de petites toiles que l'on détruit d'un geste de la main, mais de toiles d'un mètre carré ou plus, souvent plusieurs côte à côte, faites d'un fil très élastique et résistant dont il est difficile de se débarrasser et sur lesquelles trônent fièrement plusieurs araignées. On peut en trouver une dizaine par toile, mais généralement ce ne sont que 4 ou 5 araignées d'une dizaine de centimètres, inoffensives pour nous qui attendent le passage d'un malheureux insecte. Il y en a un nombre surprenant et nous devons avancer en tentant d'apercevoir les toiles malgré l'obscurité de la forêt, pour ne pas leur rentrer dedans. Ça me fait penser à la forêt où Blanche-neige court et se prend branches et toiles d'araignées dans la figure.
En rentrant nous apercevons un oiseau beige qui court tel une autruche. Il ne fait qu'un mètre de haut et a une petite huppe noire sur le front. Assez comique.






mercredi 17 février 2010

Vendredi 29/01/2010

Ce matin, les choses sérieuses commencent vraiment. Mais d'abord nous passons dire bonjour à des fermiers du coin. Sabrina fait toute sa thèse sur cette région et a donc sympathisé avec les fermiers. Un couple de petits vieux nous accueille dans leur maison, au coeur de leur ferme. La cuisine est très coquette et assez grande pour accueillir tous les employés le midi. L'homme ne pipe presque pas mot, mais la femme est une vraie pipelette et me pose plein de question sur la France, plus précisément sur l'agriculture laitière en France. Son employée de maison nous sert du café très léger et très sucré accompagné de lait on ne peut plus frais.

La différence de moyens au Brésil, ne se voit pas dans le fait que les gens aient une aide de maison ou non, mais plutôt dans la fréquence avec laquelle celle-ci vient chez les gens. Chez Maìra, la bonne vit avec eux et fait également la cuisine. Chez Vanesca, chez Joana aussi, elle venait deux fois par semaine. Dans notre futur appartement, Sabrina et moi profiterons de sa visite une fois par semaine. C'est vraiment surprenant que des étudiants aient une femme de ménage, et cela me met parfois mal à l'aise.

Nous prenons donc congé de Dona Maria Sylvia, puisque c'est ainsi qu'elle s'appelle, et nous allons ramasser des bouses de vaches bien fraîches dans sa cour. Nous les emballons ensuite dans des petites papillotes en filet (bien entendu ça dégouline). Une fois dans les zones à échantillonner, nous posons les pièges en couple: un avec un sachet de bouse suspendu, l'autre avec un gobelet de crotte au bout d'un fil de fer. Les scarabées, par l'odeur alléchés, foncent vers l'objet de leur attraction sans prendre garde au piège que nous leur avons tendu. Ils tombent dans un récipient rempli d'eau et y trouvent leur mort.

J'apprends donc à respirer avec la bouche uniquement et à penser à autre chose. Heureusement, cela est facilité par le paysage sublime et la végétation exotique. Il y a de nombreuses petites fleurs aux couleurs éclatantes, et de grosses termitières un peu partout. Nous croisons des cow-boys ou gauchos, appelez-les comme vous voulez, et un kéké dans son 4x4 avec de la mauvaise musique à fond. Comme quoi, où que l'on soit dans le monde les choses ne sont jamais très différentes.

Avant de rentrer, nous allons faire réparer la voiture. Certes, elle était en révision il y a deux jours à peine et c'est cela qui nous a mis en retard, mais en nous la remettant mercredi soir, Julio a précisé que nous devrions regonfler le pneu arrière gauche tous les deux jours. En fait, c'est toutes les demi-journées que le pneu se dégonfle, et cela risque de poser problème lorsque nous serons sur le plateau de Chapada, très loin de toute civilisation. Une épine est donc retirée de ladite roue et Sunshine est remise d'aplomb. Sunshine, c'est le surnom que Livia a donné au pick-up, en référence à Little Miss Sunshine et à la voiture du film.

Jeudi 28/01/2010

Le pick-up chargé de nos affaires et du matériel, nous quittons Lavras. Nous roulons pendant une heure sur une route que je trouve mauvaise, mais je changerai bientôt d'avis. Ce sont des collines vert sombre à perte de vue, jusqu'à un haut plateau, que nous grimpons pour arriver à Carrancas. Le village est certes petit, mais pour les fermes perdues des alentours il fait office de bourg et dispose de quelques restaurants, pousadas (genre de petits hôtels), magasins d'artisanat, petits supermarchés et d'une grande église baroque. Le village se prépare pour Carnaval, qu'il fête deux semaines plus tôt que le reste du Brésil.

Nous retrouvons Amaury qui nous mène à la maison qu'il nous loue. C'est une charmante petite maison, avec cour, jardin et deux chambres, située à l'entrée du village. Amaury nous prête donc chaises et table de jardin, ainsi qu'une télévision. Nous avons emmené avec nous, matelas gonflables et four à micro-ondes.

Julio et sa femme nous rejoignent et nous partons faire un tour de reconnaissance sur le plateau de Perdizes, à une heure supplémentaire de Carrancas. Les vues sont à couper le souffle. Il n'y a aucun village ni même maison à des lieues à la ronde. La seule trace de civilisation sont les routes de terre rouge et les plantations d'Eucalyptus et de Candeia. Ceci mis à part, ce sont montagnes, savanes et prés verdoyants, forêts qui serpentent le long des rivières, formations rocheuses et, de temps en temps, une cascade. La route est, au contraire, affreuse. Parfois, elle ressemble très peu à une route. Nous passons bosses, crevasses et rivière. A la fin de la journée ma mâchoire est douloureuse, à force de crispation. Nous explorons donc le plateau et décidons des zones que nous allons échantillonner pour mon projet. Finalement, nous redescendons sur Carrancas et apprécions un Guarana (soda local) bien frais accompagné d'une coxinha (beignet au poulet).










jeudi 11 février 2010

Mercredi 27/01/2010

Mercredi 27/01/2010
Finalement, le pick-up n'a été prêt que cet apres-midi, nous devrons donc partir demain matin. Nous avons fait quelques achats personnels ce matin, notamment des T-shirts affreux et trop grands que je pourrais abîmer à souhait, et quelques achats pour le projet ce soir. Nous louerons une maison à Carrancas, mais sans meubles, ni équipement de cuisine. Le propriétaire nous prête généreusement tables, chaises et télévision (!) mais nous devrons emmener matelas, oreillers, draps, couverts, micro-ondes et glacière. Nous achetons également le plus possible de produits secs, puisque les petits magasins de Carrancas pratiquent des prix assez cher. Petites perles du supermarché : des bougies à l'effigie de divers saints et vierges et le dvd de "Jesus IV".

Petite victoire personnelle: J'ai réussi à expliquer en portugais que je voulais une impression d'une carte en couleur et en format A2, que je n'étais pas argentinienne mais française, que je parlais un petit peu d'espagnol et de portugais, que j'étais ici pour deux mois mais avais besoin de la carte pour demain, et pouvez-vous parler plus lentement s'il vous plaît? Je reprends espoir!

Mardi 26/01/2010

Bonne nouvelle, le pick-up sera prêt mercredi matin, nous pourrons donc partir dans l'après-midi. Nous irons à Carrancas (4.000 habitants) petite ville perdue dans le Cerrado et vivant majoritairement de l'élevage laitier. Le Cerrado est une mosaïque de prairies, de savanes, de champs rocheux et de forêts, longeant les rivières. En bordure des forêts poussent des candeias, petits arbres tordus aux feuilles vert-bleu. De leur écorce est produite une huile essentielle, utilisée par les industries cosmétique et pharmaceutique. Afin d'en accélérer le rendement, une compagnie a donc planté des Candeia, non pas en bordure de forêt, mais dans les prairies. Mon projet s'intéresse aux effets de ces plantations sur les scarabées, ainsi qu'à ceux des plantations d'eucalyptus. Sabrina, quant à elle, s'intéresse à l'impact des vermifuges administrés aux vaches et retrouvés dans leurs bouses.

Je vais poser pas moins de 120 pièges, qui auront pour appât des fèces humaines. En effet, je ne contribue pas seulement de mon temps mais aussi de ma personne. Ceci mène à des situations étranges, comme ce matin, lorsque que j'ai transporté dans le bus une boite en polystyrène contenant des déjections humaines. Fort aimablement, tous les étudiants de l'équipe participent et nous congelons tout cela au laboratoire, ce qui limite les odeurs. Autres préparatifs plus réjouissants: Julio nous a acheté une machette à chacun, avec une gaine de cuir à porter à la ceinture. Je suis comme une gamine un matin de Noël!

L'accès à internet ne fonctionne plus ici depuis que la foudre est tombée sur le campus. A l'appartement, c'est tout aussi aléatoire. Je me contente donc d'envoyer quelques mails lorsque je peux y avoir accès. A Carrancas, nous n'y aurons pas accès du tout. La perspective d'être coupée du monde et de son stress me réjouit assez. La civilisation se résumera aux fermiers, à Sabrina, à Calourada et aux éventuels coups de fil de ma famille ou de mon copain. Notez que Calourada est un surnom, signifiant "petit nouveau" bien que Calourada soit bientôt diplômé. Les gens ici semblent avoir un faible pour les surnoms, Cotonete (coton-tige) et Teta (téton) ne me contrediront pas.

mercredi 10 février 2010

Rita au Brésil- épisode 1

N'ayant pas un accès régulier à internet, ces posts seront publiés à retardement.

Dimanche 24/01/2010
Cela faisait presque un an que je n'avais pas écrit sur ce blog. Pour cause, ma vie trépidante d'étudiante en écologie ne me laissait aussi peu de temps que d'inspiration. Je ne lui en tiens pourtant pas rigueur puisque c'est grâce à elle que je me trouve en ce moment au Brésil. Nous devons réaliser un projet de recherche pour valider notre cursus, et j'avais dans l'idée de le faire dans ma chère Angleterre. J'ai donc inondé les chercheurs britanniques de CV et lettres de motivation, et lorsque l'un d'entre eux m'a proposé d'aller étudier les scarabées au Brésil, je n'ai pas dit non.

Je suis donc arrivée Mardi matin à Rio de Janeiro. J'ai retrouvé avec plaisir le soleil, bien-sûr, entre 25 et 30 degrés de plus qu'en France, et surtout la gentillesse des brésiliens, qui m'ont aidé à retrouver la maison de mon amie Maìra. Maìra et ses parents m'ont accueillie pour la journée dans leur appartement au quinzième et dernier étage d'un immeuble, avec piscine sur la terrasse, vue sur la mer, le pain de sucre et le Christ du Corcovado. Nous sommes parties faire un tour de la ville en voiture, resplendissante sous le soleil. Rio a beau être une grande mégalopole, les plages et les collines verdoyantes qui la parsèment lui donnent une atmosphère très relaxée. Ce jour-là étant un jour de congé, les plages sont envahies par des brésiliens de tous âges, qui surfent, bronzent, papotent et mattent. Maìra et moi achetons deux noix de coco bien vertes, avec paille et observons les deltaplanes descendre des collines en sirotant l'eau de coco.

Le soir venu, je prends le bus pour Lavras, Minas Gerais. Lavras, est une petite ville, 80 000 habitants, même Maìra en ignorait l'existence, mais elle a une des meilleures universités du pays pour l'agronomie et l'écologie. Les maisons colorées s'étalent sur des collines abruptes, au milieu des arbres exotiques. La ville est paisible et sympathique, seul le square central est animé, avec plein de petites boutiques, une église baroque et, le dimanche, les familles et les amoureux qui sont de sortie.

Je travaille ici avec Sabrina, doctorante étudiant elle aussi les scarabées. Sabrina fait sa thèse à l'université de Viscosa mais est supervisée par Julio et Jos. Jos est mon maitre de stage, basé à Lancaster, mais ici Julio est mon superviseur. Il y a environ une petite dizaine de doctorants qui travaillent avec lui sur les scarabées. Tous sont très sympathiques et parlent vite et fort en portugais, me laissant dans l'incompréhension la plus totale.

Nous étions sensées partir Samedi pour Carrancas, petite ville du Cerrado, pour notre travail de terrain. Le pick-up étant en révision, nous sommes obligées d'attendre et de profiter de l'hospitalité de Vanesca et Livia un peu plus longtemps. Nous nous résignons donc à prendre du retard et samedi nous allons, comme le dit si bien Sabrina, noyer notre frustration dans la bière. Il y a un petit lac de barrage pas loin de Lavras, nous nous y rendons par des petites routes de terre rouge avec les autres étudiants. L'été brésilien est une alternance de grand soleil et de fortes pluies, et malheureusement pour nous ce sont ces dernières qui sont au programme pour l'après-midi. Nous ne nous baignerons donc pas, mais nous nous installons au bar, et commandons bouteille de bière sur bouteille de bière. Après 4h de ce régime, l'après-midi prend fin et nous allons au barbecue organisé par des étudiants. Le barbecue brésilien consiste uniquement en une succession de viande rouge que l'on vous incite fortement à consommer et en un verre de bière qui se remplit, semble-t'il, tout seul. Le lendemain, quelle n'est pas ma surprise lorsque je me réveille sans le moindre symptôme d'une gueule de bois.